Thierry CHURIN - Le château d'Alençon vers 1440
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1990 - fouille au pied de la mairie (page 2)
Réinterprétation en 2005
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La braie vue en direction du square. 
A gauche, la fondation de la mairie.





Vue vers la rue de Bretagne : les fondations de la mairie sont à gauche. Au premier plan en clair, le rempart principal monté à la chaux. A droite, s'avançant vers le photographe, le mur du logis monté à la terre, plus foncée que la chaux ; le tout entamé par la pelleteuse.

- à droite, détail de la photo du dessus (contact du rempart avec le mur du logis)
- à gauche : L'extrémité Est du logis apparaît dans la zone d'ombre, en retrait par rapport à la maçonnerie talutée du rempart. 
Sous la mire, on distingue le sol de circulation de la lice et, en clair, le bourrelet de construction du rempart.

La braie (rempart extérieur)
 
     Le mur Mu 3 est visiblement de même facture que le rempart principal : blocs d'arkose et de grès armoricain, grossièrement taillés, et liés par un solide mortier de chaux blanchâtre. Ce mur a été observé sur une longueur de 4,80 m et une hauteur maximale de 1,35 m, jusqu'à son sol de construction côté lice. Il lui manque environ 4,30 m d'élévation pour correspondre au dessin de Hédin (il n'en existe aucun dessin ancien en élévation).

     Le parement côté rivière n'a été observé que sur une hauteur de 50 cm , mais il doit descendre plus bas, jusqu'au fond du fossé vaseux qui le longeait. Si l'on en croit les résultats officieux d'un carottage percé dans l'axe du mur, sa fondation ne devrait pas descendre en dessous de la cote NGF 132 m. A cette profondeur, le terrain est vaseux, et ce jusqu'aux environs de la cote 130 m où repose une couche de gravier. Pas étonnant donc que l'angle de la mairie s'affaisse.

     Trois autres murs sont apparus pendant la fouille, ils seraient passés inaperçus aux regards non exercés :


L'angle nord-est du logis (?)
 

     Un mur MU 1,  perpendiculaire au rempart principal, s'étend vers la haute cour, dans l'angle sud du sondage. Sa facture est assez différente de celle des 2 remparts : les blocs d'arkose sont ici montés à la terre, argile rougeâtre locale, naturellement riche en sable gréseux et légèrement additionnée de chaux ; un excellent liant s'il reste au sec ; abondamment utilisé dans la ville jusqu'au début du XIXème siècle. Il n'offre cependant pas la résistance du mortier de chaux, c'est pourquoi les blocs du parement sont soigneusement taillés et jointoyés. Le blocage qui forme l'âme du mur côté haute cour est plus ordinaire.

     Ce mur se prolonge jusqu'à la lice, mais au lieu de s'évaser comme la courtine qu'il complète, il offre une limite verticale, voir même concave. Le rempart principal a été construit au contact de cette extrémité, sans véritable liaison avec elle. Le mortier de chaux s'est seulement moulé sur sur les blocs du logis (?). Ainsi on peut affirmer que le tronçon de courtine MU 2 est postérieur au bâtiment lié à la terre MU 1.

     Reste à déterminer le niveau du sol le plus ancien autour du logis lors de sa construction. Côté mairie, ce sol peut être très bas, au niveau de 1006 (voir coupe sud-ouest). 1006 serait justement la couche de construction, vers NGF 133,50 m, environ 3,20 m sous le perron de la mairie. Le mur MU 1 n'aurait eu aucune fondation, construit sur une pente descendant vers le fossé : l'angle côté fossé descendait au moins jusqu'à NGF 133,00, probablement 132,80 m. Dans ce cas, une première courtine en bois ou pierre devait être en retrait de l'actuelle, laissant le logis (?) en saillie, comme une tour de flanquement.

     Il est aussi possible que la première courtine se soit trouvée dans l'axe de celui qui est conservé et que 1006 soit une couche ancienne mal interprétée. Difficile d'être affirmatif dans ce sondage exigu, creusé à la pelleteuse.

     Toujours est-il que que le terrain n'était pas sensiblement plus haut au moment de la démolition partielle du logis car le liant argileux 1009 s'est trouvé étalé dès l'altitude 133,85 m, juste au dessus d'une couche d'humus 1007 qui correspondrait alors à une période d'abandon avant la destruction. Mais alors comment expliquer la couche de démolition ?

     La couche de démolition 1009 est très pauvre en chaux, ce qui la distingue de 1014, au dessus de la lice, sur l'autre face de la courtine. Cet indice prouverait que la destruction de la façade coté cour du logis n'est pas contemporaine de la démolition de la partie haute de la courtine dont la maçonnerie est riche en chaux. La destruction des murs côté cour du  logis est probablement antérieure ; elle a même pu précéder la dernière reconstruction de la courtine, ce qui aurait provoqué le dépôt d'une sorte de talus sur lequel est venu s'appuyer le "parement" côté cour de la courtine. Seul le pignon nord-est du logis aurait subsisté quelque temps, intégré à l'enceinte. Lors de la démolition définitive de la muraille, les gravats des deux constructions auraient enfin été abandonnés sur place, correspondant au dépôt de la couche 1014.

     Une fois encore, la pelleteuse avait été trop rapide.

 
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